Réinventer la Démocratie


L’auteur propose de réinventer la démocratie en s’inspirant des meilleures pratiques de chaque pays : il commence par analyser les défauts de la démocratie représentative, défauts impossibles à corriger selon l’auteur, puis propose 5 pistes concrètes pour améliorer le système représentatif.

Les défauts inhérents à la démocratie représentative

Selon M. Arriaga, les citoyens sont mal représentés par leurs élus pour 10 raisons :

  1. la corruption ou le simple ‘copinage’ ;
  2. la mauvaise motivation (il faut être démagogue pour être élu) ;
  3. le fait que la politique n’attire pas les bonnes personnes mais surtout celles et ceux qui aiment le pouvoir ;
  4. le sentiment des les politiciens qui se sentent au-dessus des lois et du contrôle des citoyens ;
  5. les élections qui rendent cyniques ;
  6. le besoin de respecter la norme des autres politiciens pour rester en poste ;
  7. l’identification aux autres élites (économiques…) par rapport aux représentés ;
  8. l’idéologie comme biais d’opinion ;
  9. la différence démographique par rapport aux représentés ;
  10. les limites du pouvoir politique.

Il ressort de cette analyse que les causes profondes des limites de la représentation sont à chercher dans 2 éléments clés :

  • une trop forte délégation sans vrai contrôle  que nous pratiquons lors des élections ;
  • l’impossibilité d’avoir une réflexion sérieuse; le système nous oblige à nous faire  rapidement une opinion sur des informations qui nous sont prémachées.

Alors que faire ?

 

Des pistes concrètes pour faire évoluer le système représentatif.

L’auteur se réfère à 5 modèles :

  1. Recourir à la délibération citoyenne comme en Oregon

Les assemblées citoyennes tirées au sort, si elles bénéficient des conseils d’experts aboutissent à des opinions et recommandations plus raisonnables, proches de l’avis du plus grand nombre. Ces systèmes que pratiquaient les Grecs sont tombés en désuétude puis revenus sur le devant de la scène en 2004 en Colombie Britanniques (Canada). Depuis 2010 en Oregon (États-Unis), qui pratique le RIC (Referendum d’Initiative Citoyenne) depuis 1902, un panel (à chaque fois différent) de 24 citoyens tirés au sort formule une explication et une recommandation sur chaque proposition soumise à referendum.

  1. Voter comme les Irlandais et faire campagne comme les Français

Le vote irlandais est un vote par priorité. Chacun hiérarchise les candidats en fonction de ses préférences (‘Single Transferable Vote ou STV’). C’est un système qui existe en Australie et en Irlande et permet d’avoir une assemblée élue plus représentative. Certaines règles s’appliquent pour déverser les votes en fonction de l’éligibilité du candidat : s’il a déjà assez de voix, le surplus est versé sur d’autres candidats et s’il n’est pas éligible les voix sont récupérées aussi). Ce système est beaucoup plus performant que les systèmes simples de majorité car il permet à des candidats appréciés de beaucoup d’électeurs mais par exemple toujours en deuxième d’être élus.

Et l’auteur mentionne la France pour son contrôle des dépenses de campagnes, un vrai plus du système français par rapport au système américain par exemple où la course aux financements privés n’a pas de limite. En France, c’est de l’argent public qui finance pour l’essentiel les campagnes et il est proportionnel au score du parti.

  1. Surveiller les élus avec le RIC comme en Oregon (États-Unis) ou en Suisse

L’auteur souligne la faiblesse du contrôle entre les élections et note que les pays qui ont le RIC disposent d’une sorte de ’bouton rouge’ qui empêche les politiques de s’écarter trop de la volonté majoritaire. Mais selon lui, cela fonctionne uniquement si le résultat s’impose aux politiques.

  1. Apprendre de la presse tabloïd anglaise

Ici Manuel Arriaga vise les institutions européennes, structurellement peu démocratiques et qui éloignent le citoyen de la prise de décision. Il pense que, pour défendre la démocratie, il faudrait des mécanismes similaires à ceux de la presse anglaise qui, avec ses outrance, ose rapprocher les préoccupations des citoyens et les décisions de l’Union et parle concrètement aux citoyens.

  1. Prendre du recul à Saint-Pétersbourg

L’auteur utilise un projet architectural communiste jamais réalisé pour souligner que nos démocraties n’ont pas de plans à long-terme. Il suggère qu’une assemblée de citoyens pourrait chaque 10 ans par exemple écrire une vision long terme et amender la précédente.

*

In fine, l’auteur qui appelle de ses voeux des changements radicaux, rappelle que deux arguments contre le changement démocratique reviennent souvent : le monde est trop complexe et les citoyens ne sont pas compétents. Mais bien sûr il conteste ces points et revendique une position optimiste.

Nous partageons son optimisme. Oui nous pouvons agir et nous devons prendre de nouvelles initiatives pour améliorer le fonctionnement démocratique !

 

Rebooting Democracy – A Citizens guide to reinventing politics.

Manuel Arriaga, éditions Thistle Publishing

Manuel Arriaga est professeur de management et d’organisation notamment à Cambridge et à la New York University.

 


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