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Le Digital et la Démocratie Participative


Publié le 18 février 2023. Mis à jour le 17 octobre 2024.

La démocratie participative digitale, D. Autissier, D. Debrosse, V.Lehmann, E.Metais-Wiersch, Editions EMS, 2019

David Autissier est maître de conférences HDR à l’IAE Eiffel et directeur de la Chaire ESSEC Changement et IMEO.
Denis Debrosse est chargé de mission à la Mairie d’Angoulême.
Valérie Lehmann est professeure agrégée à l’Université de Montréal.
Emily Metais-Wiersch est consultante et coach en management, spécialiste de l’innovation et du digital, chercheuse affiliée à la Chaire ESSEC IMEO.

 

Une réponse à la demande de participation citoyenne

Comme les autres secteurs de la société, le digital a fortement impacté la démocratie. Les auteurs et autrices proposent ici de se pencher sur les enjeux soulevés par la démocratie participative digitale et les « civic tech », dont la promesse est de venir à bout des problèmes logistiques de la participation citoyenne. Celle-ci suscite en effet un regain d’intérêt, particulièrement dans des Etats décentralisés (Suède, Allemagne, Etats-Unis…).

En France, quelques initiatives tentent de donner corps à cet intérêt. En 2002, la législation donne à la  Commission nationale du débat public (CNDP) « la mission de s’assurer que le point de vue des citoyens soit pris en compte dans le processus de décision des grands projets d’aménagement et d’équipement d’intérêt national ». Une Charte de la participation du public est élaborée en 2016, une « aide dans la mise en œuvre du dispositif de participation » (en ligne ici). 

Mais le numérique est souvent oublié, et les possibilités qu’il offre mises de côté par les institutions. Or, « le citoyen est de plus en plus éduqué et de plus en plus informé  par des médias qui diffusent l’information en continu et des réseaux sociaux omniprésents ». A partir de 2010, la littérature sur les liens entre numérique et participation publique explose. Du point de vue de beaucoup, il s’agit d’un outil de facilitation de la démocratie et d’extension de la participation.

« La démocratie participative digitale est l’utilisation de la technologie digitale pour les actes citoyens »

  • Elle signifie la mobilisation d’applications informatiques portables.
  • Elle s’applique à tous les actes citoyens, c’est-à-dire toutes les transactions que les citoyens et citoyennes ont avec leur collectivité, que ce soient des transactions de biens ou services ou des échanges de co-construction.

Les civic tech, avantages et inconvénients

Ils sont définis ici comme « toute technologie permettant d’accroître le pouvoir des citoyens sur la vie politique ou d’y rendre le gouvernement plus accessible, efficient et efficace ». Leur but principal est de renouveler le lien entre la population et le gouvernement.

Ces « technologies civiques » permettraient à toutes sortes de personnes, notamment les jeunes, de s’impliquer davantage dans leur territoire, de fait plus moderne et innovant. Gains de temps, meilleure communication, appropriation des décisions politiques… les Civic Tech ont, en apparence, tout pour plaire. Néanmoins, en plus d’être très coûteuses, elles posent de sérieuses question de sécurité, de protection des données personnelles et d’algorithmes qui favorisent les bulles d’opinion.

L’instauration du numérique au service de la participation publique interrogent la capacité des individus à se saisir du numérique pour un usage citoyen, mais également celle des administrations. En mai 2016, le Secrétariat d’État au Numérique affirme que huit technologies civiques pourrait « rénover la démocratie et améliorer son fonctionnement », et se positionne donc plutôt en faveur.

Angoulême, ville d’expérimentation des projets participatifs digitaux

A Angoulême se sont déroulés des ateliers de « participation digitale », à destination des chef.fes de projets de la municipalité et de la population. « Il s’agissait ici de mettre en œuvre une politique de contribution des citoyens et partenaires sur des projets majeurs intéressant la ville, avec des méthodes et outils adaptés. » Dans ce type de projet, les élu.es doivent apprendre à déléguer une part de leur pouvoir décisionnel mais aussi à se rendre disponible et à l’écoute. De l’autre côté, les citoyen.nes, en participant, deviennent responsable d’un processus de co-production de décisions publiques. Cela a enfin permis de renforcer la transparence des processus et résultats de la concertation.

 

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Il faudra attendre que de telles expériences se multiplient pour évaluer la réelle plus-value des « civic tech ». Celles-ci pourraient bien s’avérer intéressante, tant que le lien social créé par une participation physique n’est pas oublié.


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