Publié le 18 février 2023. Mis à jour le 18 octobre 2024.
Patrick Norynberg, Une nouvelle ambition pour la démocratie participative, Editions Yves Michel, 2014
Patrick Norynberg est directeur général des services dans une grande collectivité locale de Seine-Saint-Denis et enseignant formateur à l’Université Paris Descartes, à l’ENS et à l’INSET. Ses recherches se portent sur la démocratie locale, le développement social et la ville. En 2017, il devient garant à la Commission Nationale du Débat Public, et depuis 2018, il participe à la démarche participation citoyenne pour l’association Empreintes Citoyennes, en tant que coordinateur national.
Dans cet ouvrage écrit après les élections municipales de 2014, Patrick Norynberg dévoile sa vision de la démocratie actuelle, sa conception de la démocratie participative ainsi que les repères nécessaires pour l’atteindre. En France, un peu plus de six Français sur dix ont entendu parler de démocratie participative, mais moins d’un tiers savent ce qu’elle est réellement. La construction de ce qu’il appelle une « véritable démocratie participative authentique » doit être accompagnée du partage des savoirs, des pouvoirs et des connaissances.
« Nous sommes au cœur d’une machine à déresponsabiliser entraînant une crise de confiance, un rejet de la politique et un recul de la citoyenneté » affirme l’auteur. Alors, comment y remédier ?
Créer un contexte fertile pour la démocratie participative
L’un des symptômes majeurs de la crise de la représentation est probablement l’abstention. En effet, depuis 35 ans, 50% de l’électorat ne se déplace plus aux urnes. À cela s’ajoute un sentiment de défiance grandissant à l’égard de l’ensemble du corps politique. La démocratie n’est plus vue que comme exclusivement représentative et délégataire.
Le contexte n’est pas non plus favorable à l’implication politique individuelle et collective, en raison notamment :
- Des partis politiques et des syndicats qui n’alimentent plus le débat public ;
- D’une culture de l’immédiateté ;
- D’une République des contraires (français/étrangers, croyants/pas croyants…) ;
- D’une dictature du financier et du juridique ;
- D’une quasi-absence de processus de participation citoyenne entre les élections.
Au-delà des pratiques, un véritable état d’esprit à acquérir
Patrick Norynberg propose de créer les conditions d’un sursaut politique et démocratique permettant à chacun de se reconnaître à nouveau dans les valeurs fondamentales de la république ainsi que donner du renouveau à notre contrat social.
« Favoriser le partage des savoirs, des connaissances et des pouvoirs est un enjeu majeur et central pour sortir de cette crise civilisationnelle. (…) La démocratie participative, c’est une volonté politique avec des valeurs, du sens et la détermination à s’engager dans un processus épanouissant. »
La démocratie participative doit apporter épanouissement individuel et collectif. L’auteur met donc en avant l’importance du « faire ensemble » au-delà du « vivre ensemble », et d’une démarche d’éducation populaire redonnant à chacun et chacune le pouvoir d’agir sur son environnement en toute conscience.
C’est une « démarche participative authentique » fondée sur trois piliers, empruntés au politologue Paul Ariès : le « prendre part » (l’interaction, le sens collectif), le « donner sa part » (reconnaissance des personnes et de leurs actions, leurs investissements) et le « recevoir sa part » (justice sociale, la valorisation de chacun, le pouvoir partagé). Patrick Norynberg y ajoute le « faire sa part » :
« Il n’y a pas de petites choses et de grandes choses mais que les grandes choses ne sont constituées que de nombreuses petites choses. »
En collaboration avec d’autres partisans du réseau national de la démocratie participative, il élabore un « projet de loi pour la promotion et le développement de la démocratie participative ». Celui-ci donne la direction d’une « authentique révolution démocratique ».
Le rôle de la démocratie locale
« La démocratie locale est le lieu de renouveau de la démocratie. »
La démocratie locale, par la force de proximité, est un terrain d’expérimentation idéal pour la démocratie participative. Pour cela, l’administration française se doit de sortir de son organisation verticale et cloisonnée pour devenir un levier à l’action.
La démocratie locale peut prendre forme à travers :
- Des conseils de villes et de quartiers
- Des conseils locaux de la vie associative
- Des ateliers urbains
- Des chartes de la démocratie
- Le droit de saisine de conseils municipaux
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L’auteur espère que nous nous inscrirons un jour aux côtés de la Bolivie et l’Islande, qui ont inscrit la démocratie participative au coeur de leurs Constitutions.
