Accueil > L’Intelligence Collective > La Démocratie ou le Régime du Consentement

La Démocratie ou le Régime du Consentement


Publié le 29 avril 2021. Mis à jour le 30 septembre 2024. 

« Democratic reason: The Mechanisms of Collective Intelligence » par Hélène Landemore ; politiste franco-américaine, et maitresse de conférences à l’université de Yale ;
« Collective Wisdom and Institutional Design » par Adrian Vermeule, juriste américain et professeur de droit à la Harvard Law School.

Contributions à Collective Wisdom, Principles and Mechanisms (dir Hélène Landemore et Jon Elster).

Qu’il s’agisse ou non d’une tentative de coup d’État, l’attaque du Capitole de janvier 2021 aux Etats-Unis a révélé le mécontentement d’une partie de la population américaine et son non-consentement à la loi, clé de voute d’un Etat de droit. Comment éviter que de telles attaques contre la démocratie ne se multiplient ?

 

Plus de démocratie, pour moins de populisme ou les vertus de la délibération

Pour Hélène Landemore et Adrian Vermeule, seule la mise en place d’institutions plus démocratiques, favorisant l’expression politique des citoyens et citoyennes et le débat d’idées public, est capable d’enrayer la mécanique populiste.
Dans son article sur les mécanismes de l’intelligence collective, Hélène Landemore souligne trois bénéfices de la délibération : élargir les flux d’idées et d’informations ; faire le tri entre ‘bons’ et ‘mauvais’ arguments ; parvenir à un consensus sur les solutions les plus raisonnables et réalistes à un problème.
La chercheuse illustre son propos avec le film Douze hommes en colère, réalisé par Sidney Lumet en 1957 :  douze hommes sont invités à former le jury populaire d’un procès criminel, et doivent statuer à l’unanimité sur le sort d’un jeune homme, accusé de parricide. S’ils le déclarent coupable, il est condamné à mort ; sinon, il retrouve sa liberté. Alors que tous semblent d’accord pour le condamner, le juré N°8 émet un doute sur sa culpabilité, et demande à ce que l’accusation soit à nouveau discuté. Au terme d’une longue journée de délibérations, le jury finit par tomber d’accord et innocente le jeune homme. Le juré N°8, en encourageant chacun à prendre la parole, a ainsi favorisé l’émergence d’une sagesse collective.

Le débat, dans sa fonction cathartique, aide donc à freiner et modérer les passions individuelles. En démocratie, le débat doit donc être institué par les pouvoirs publics jouant le rôle du juré N°8, encourageant les citoyens et citoyennes à débattre.

 

Transformer la démocratie

Pour cela, Adrian Vermeule propose une série de réformes institutionnelles et juridiques. C’est en donnant au corps citoyen la possibilité de s’exprimer régulièrement qu’il sera possible de limiter les attaques contre la démocratie, car celle-ci sera enfin pleinement exercée. Le juriste estime d’ailleurs que c’est en prenant en compte les différents points de vue, y compris les plus radicaux, que l’on parviendra à maximiser la qualité des lois. C’est donc avant tout au manque de représentation qu’il faut s’attaquer : en 1792, le Congrès américain comptait un.e élu.e pour 30 000 personnes ; ce nombre est depuis passé à 600 000. Comment une seule personne pourrait-elle en représenter 600 000 autres ? Pour Adrian Vermeule, la diversité des opinions ne pourrait être prise en compte que par l’augmentation du nombre de représentant.es au Parlement et la diversification de la composition du Congrès. 

*

Le mécontentement populaire ne trouvera sa résolution, selon Hélène Landemore et Adrian Vermeule, que dans son expression politique et sa prise en compte par les propres institutions démocratiques.


Retour en haut