Accueil > Analyses et Enjeux > Slow démocratie, ou comment maîtriser la mondialisation

Slow démocratie, ou comment maîtriser la mondialisation


Publié le 14 janvier 2025. Par Cloé Lachaux.

Enfin, une véritable intégration démocratique

David Djaïz, Slow démocratie, comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main, Points, 2020.

Essayiste et chroniqueur, David Djaïz est professeur à Sciences Po Paris. Slow démocratie, comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main a été primé à deux reprises en 2020, par le prix Édouard Bonnefous de l’Académie des sciences morales et politiques et le prix étudiant du livre politique LCP. Il appelle ici à revenir aux bases de l’idée démocratique : un Etat-providence juste et fort, et une discussion collective permise par l’intégration politique de l’ensemble des citoyens.

 

*

Dans cet ouvrage, David Djaïz s’intéresse aux méfaits de la mondialisation sur les démocraties actuelles et sur la capacité des Etats-Nations à absorber les impacts des crises successives depuis les Trente Glorieuses.  

 

Les ravages de l’hyper-mondialisation

Selon l’auteur, à l’euphorie de la mondialisation, accompagnée de la croyance en l’abolition des frontières et en l’unification du monde, a succédé une lente prise de conscience de ses ravages. Au fur et à mesure de crises, notamment la crise financière de 2008 et la crise démocratique de 2016 (qui, selon lui, débute avec l’élection de Donald Trump), cette croyance s’est effondrée. “L’hyper-mondialisation” n’est plus une alliée de la démocratie. À la démocratie, souvent jugée impuissante, on préfère, de fait, des alternatives autocratiques et technocratiques.

Au cours de ces crises, l’auteur observe plusieurs fractures similaires au sein de l’Union européenne et au sein même des nations :

  • Les expertises libérales font l’objet de compromis tandis que les questions sociales éloignent ;
  • La solidarité nationale et internationale s’affaiblit et les inégalités sociale et fiscales se creusent entre les “super gagnants” de la mondialisation et les autres ;
  • Les élites sont moins attachées à la nation et les citoyens ont de moins en moins d’intérêts et de points communs. 

 

Des remèdes à appliquer dans le cadre d’un État central

Admirateur du système démocratique, David Djaïz propose plusieurs remèdes à ces fractures, qu’il pense uniquement applicables dans un cadre institutionnel démocratique.

Dans le sens large, il s’agirait de ralentir le rythme effréné du capitalisme en alignant les objectifs économiques nationaux avec la justice sociale et environnementale, aidé par une architecture institutionnelle européenne adéquate. À cet égard, l’auteur insiste sur la nécessité d’un État central, dont l’une des responsabilités premières serait d’assurer l’équité territoriale et de contenir les chocs (et ce, par exemple, par la redistribution des recettes d’une meilleure taxation immobilière, le renforcement des administrations publiques locales, la remise en valeur du travail sédentaire et local, etc.).

Cet État central aurait également la mission de réaffirmer l’unité nationale à travers un sentiment commun d’appartenance (mixité sociale, services civiques au service de grandes causes telles que l’environnement ou le soutien intergénérationnel) et de réanimer le sentiment de solidarité nationale et territoriale. 

 

La slow démocratie : un système de démocratie continue

David Djaïz souhaite mettre en place un système de démocratie continue qu’il appelle la slow démocratie : un modèle fondé sur la conversation civique et l’intégration des citoyens dans les processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques.

Ainsi, la slow démocratie serait le compromis inévitable entre capitalisme, démocratie et « système-terre » (mode de vie écologique), contre ceux qui tirent profit des fractures instaurées par la mondialisation, la mise à mal de l’État-Providence et l’individualisation des intérêts. 

 

*

Dans cette perspective, l’auteur conclut qu’il faut déconstruire les discours d’incapacité des démocraties à faire face à la montée des périls, car “au pessimisme de la raison, nous n’avons pas mieux à opposer que l’optimisme de la volonté”.


Retour en haut