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Aux Urnes ! par Grégoire Cazcarra


Publié le 10 janvier 2025. Par Cloé Lachaux.

Ou comment réenchanter la pratique électorale, par Grégoire Cazcarra

Aux urnes !Grégoire Cazcarra, 2022, Aux urnes ! Comment convaincre vos proches d’aller voter, Editions Flammarion, Collection Librio, 96p. 

Grégoire Cazcarra est un auteur belge, fondateur du mouvement politique “Les Engagés”, cocréateur de l’application Elyze, qui détaille les campagnes présidentielles de 2022, et tente d’aider les utilisateurs à se positionner en faveur de tel ou tel candidat. Il tente ici de résoudre la crise de participation démocratique.

 

Remédier aux contraintes logistiques du vote

Face aux critiques régulières sur le manque de praticité des processus de vote, l’auteur propose plusieurs solutions. 

Dans un premier temps, il s’agit de simplifier les démarches, de privilégier les voies numériques et de mieux communiquer sur ce qui existe pour faciliter les procédures administratives qui, contrairement aux idées reçues, sont déjà accessibles. Il propose ainsi d’instaurer des mesures inspirées d’autres pays, telles que le vote par correspondance qui, à l’origine, était utilisé par les soldats américains pour voter à distance et qui a été très utile pendant la crise du Covid aux États-Unis, ou le vote en ligne, à l’instar du modèle croate. Enfin, il met en avant l’amélioration nécessaire de la logistique des bureaux de vote, en allongeant les horaires d’ouverture et en facilitant les points d’accès, par exemple, au sein des universités.

 

Convaincre de la pertinence de la voix unique et de la légitimité à voter

L’auto-censure et la croyance que le vote est inutile ou réservé à une élite citoyenne sont des arguments dénoncés par Grégoire Cazcarra, qui s’engage à nous convaincre du contraire.

Il préconise tout d’abord de ramener le vote à son essence première, c’est-à-dire un acte citoyen au service du collectif. Selon lui, voter, c’est aussi lutter contre l’exclusion sociale, l’individualisation et la dépolitisation des lieux de travail. À la fin de son argumentaire, il expose l’utilité du vote pour combattre la dichotomie entre “une majorité sociale et une minorité électorale”, en soutenant que plus un élu obtient de votes, plus son action est légitime, et que plus un groupe social vote, plus il sera représenté dans ces actions. 

 

Réengager la confiance dans les élus

Concernant les élus, l’auteur préconise de réduire les promesses de campagne, qui se comptent parfois en centaines, au risque de créer un sentiment de défiance pour les électeurs. 

Il est aussi partisan de moyens nouveaux, tels le Référendum d’Initiative Citoyenne et le Référendum d’Initiative Populaire, et la possibilité de révoquer des élus (pour renforcer la confiance des citoyens et la légitimité des élus).

 

Ré-estimer la politique au sens large

Pour Grégoire Cazcarra, servir la politique passe nécessairement par la remise en valeur de la décentralisation et des élections européennes, départementales et régionales. L’engagement politique doit être réinvesti, notamment celui des jeunes : amélioration (voire transformation) des cours d’Education civique, intégration dans les collectivités…

 

Rassurer sur le manque de représentation et de transparence

Rétablir une connexion entre les élus et les électeurs implique de revitaliser la culture du dialogue, avec les réseaux sociaux comme outils privilégiés. L’auteur considère que l’avènement du numérique et la multiplication des élus sur les réseaux sociaux traduit un nouveau souffle en matière de proximité et de communication entre représentants et citoyens. Selon lui, c’est à travers ces mêmes réseaux sociaux qu’il convient de rassurer les électeurs sur la transparence des informations, en rappelant l’existence d’autorités de contrôle et de surveillances dédiées : Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, obligation de déclarations d’intérêts… 

 

Repenser le vote

Enfin, face aux taux d’abstention et au nombre de votes blancs, traducteurs d’un fort rejet politique, Grégoire Cazcarra préconise de réinventer le vote. Il suggère :

  • de revaloriser le vote blanc, en s’inspirant du modèle colombien où ces votes, en cas de majorité, nécessiteraient une réélection unique ;
  • d’intégrer régulièrement des citoyens dans les prises de décisions locales (sur le même modèle que les budgets participatifs) et en considérant les travaux et conclusions des conventions citoyennes, grands débats, etc ;
  • de donner la possibilité de voter dès 16 ans, avec un accompagnement civique et éducatif adapté en conséquence ;
  • d’intégrer d’autres modalités de votes, comme le vote proportionnel pour l’Assemblée Nationale ou le jugement majoritaire pour les élections présidentielles (grille d’appréciation de tous les candidats) ;
  • de rendre le vote obligatoire, ce qui règlerait le problème de l’abstention ;
  • de repenser une société de l’engagement, avec de nouvelles formes et en incluant les jeunes

 

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À travers un engagement et un optimisme à toute épreuve, Grégoire Cazcarra réussit à transmettre sa conviction profonde que le vote est indispensable dans le jeu démocratique et que, malgré un besoin de réforme, il est légitime pour chaque citoyen.ne de faire entendre sa voix.


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