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Une nouvelle ambition pour la démocratie participative


Publié le 17 janvier 2024. Par Cloé Lachaux. 

La révolution par la participation

Patrick Norynberg, Une nouvelle ambition pour la démocratie participative. Un éventail de pratiques citoyennes, Editions Yves Michel, 2014

Patrick Norynberg est un essayiste, professeur et consultant auprès des collectivités territoriales. Il est très impliqué sur les questions de citoyenneté et d’exclusion sociale au sein des villes, et notamment fondateur et président d’une régie de quartier depuis plus de vingt ans. Face à la crise démocratique, il souhaite revenir au local et à la participation citoyenne, seule façon de partager le pouvoir.

 

Dans ce livre, Patrick Norynberg part du postulat que notre société actuelle vit une « crise civilisationnelle ». Par cela, il sous-entend que le régime actuel est quasiment monarchique, et que nous devons refonder le partage des pouvoirs et des connaissances sur les plans sociaux, économiques et politiques.

Selon lui, le cœur de la crise démocratique est une crise de la délégation : elle déresponsabilise les citoyens et mine leur confiance au point de rejeter la politique (ce qui, pour lui, équivaut à un recul de la citoyenneté). Afin de sortir de la défiance, de l’abstention, et du désengagement, il tire des solutions de ses expériences municipales, « pour démocratiser radicalement la démocratie ». 

Cet ouvrage donne quelques pistes en ce sens, avec l’espoir qu’elles en inspirent d’autres, au profit d’un “changement d’ère”.

 

Selon Patrick Norynberg, la démocratie participative tient en quatre étapes : prendre part, donner sa part (chacun est une ressource), recevoir sa part, et faire sa part (chaque petite action compte). Dans l’état actuel des choses, ce maillon ne tiendrait pas. Néanmoins, fort de son expérience dans des comités et organisations à l’échelle locale, il propose diverses solutions pour renouveler la démocratie participative. 

Dans un premier temps, il affirme que le renouveau de notre démocratie serait initié par la démocratie locale ; d’une part pour une meilleure implication des habitants dans leur vie quotidienne, de l’autre pour redonner une confiance et un réel moyen d’action aux populations. 

Selon lui, les grandes avancées viennent du peuple, et il est indispensable de sortir du modèle traditionnel sachants/non-sachants, qui est extrêmement descendant et exclusif (mise en marge des populations précaires, des jeunes, des résidents étrangers…). Il propose, dès lors, de penser un modèle qu’il appelle la « ville des habitants », décloisonnée et inclusive de la population de la genèse à l’aboutissement des projets de politiques publiques (qui, selon ses observations, sont majoritairement des réussites). Mener à bien ces projets nécessiterait un soutien et une souplesse des institutions, mais également de former les habitants, élus locaux, professionnels autour d’un projet commun. Il avance, par exemple, la possibilité pour citoyens et institutions de co-écrire les lois des politiques mises en place. A posteriori, et pour que leur efficacité soit assurée, il suggère l’évaluation institutionnelle et citoyenne des actions de démocratie participative au sein des collectivités. 

Dans un second temps, il met en avant des propositions de lois qui permettraient l’instauration d’un tel système. En voici une liste non exhaustive :

  • Construire un processus d’éducation populaire obligatoire pour favoriser l’intégration à la vie politique et former les élus / les fonctionnaires / les citoyens à la démocratie participative
  • Interdire le cumul des mandats ;
  • Introduire un droit d’initiative législative des collectivités ;
  • Donner le droit de vote aux résidents (sans papiers et venus de l’étranger compris)
  • Généraliser les conseils locaux des jeunes et des populations marginalisées, pour participer à leur émancipation (avec une capacité d’action sur leur ville) et pour une meilleure décision publique ;
  • Valoriser l’engagement citoyen (les doter d’un statut spécifique)
  • Rendre les conseils de quartiers obligatoires pour les communes de plus de 1000 habitants ;
  • Rendre la démocratie participative obligatoire dans des établissements publics de coopération intercommunale. 

Avec ces propositions, son ambition est d’aboutir à un réseau national de démocratie participative, tourné vers ceux qui n’ont pas l’habitude d’être représentés ni de se représenter. Il achève son propos en plaidant pour l’inscription de la démocratie participative dans les fondements de la Constitution de la République, dont le contenu serait élaboré par une assemblée constituante.

 

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En conclusion de cet ouvrage, Patrick Norynberg reconnaît que fonder une démocratie participative telle qu’il l’a décrite représente un chantier colossal ; mais que nous, citoyens, devons être guidés par des utopies et y croire coûte que coûte. 

Selon lui, la démocratie participative doit s’inscrire dans une démarche de partage (des valeurs, des informations, etc.) et d’épanouissement individuel et collectif, avec la possibilité d’agir et d’intervenir sur notre environnement en toutes circonstances. Ainsi, à toutes les échelles d’engagement, des élus aux citoyens, nous invite à nous donner de nouvelles ambitions collectives, pour une « authentique révolution démocratique ».


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