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Yves Sintomer


Yves Sintomer (1962 – ) est un politologue français. 

Photo : Cyrille Choupas, https://www.contretemps.eu/democratie-participation-changement-politique-entretien-sintomer/

 

Parcours

Après une maîtrise d’histoire sociale à l’Université de Besançon en 1983, il obtient un DEA de science politique à l’Université Paris 8 en 1988 et un DEA de philosophie à l’Université de Nanterre en 1989. Plusieurs séjours en Amérique Latine le sensibilisent aux enjeux de la démocratisation. Il soutient ensuite sa thèse intitulée Jürgen Habermas et les dilemmes d’une théorie contemporaine de la démocratie en 1996, à l’Institut universitaire européen de Florence, après un doctorat réalisé à Francfort directement auprès du philosophe puis à Harvard, avec John Rawls.
Yves Sintomer devient maître de conférence et professeur de sciences politiques à l’Université Paris 8 en 2002, et intègre l’UMR Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris (CRESPPA) en 2003, au sein de l’équipe “Cultures et sociétés urbaines”.
Entre 2006 et 2009, il est directeur adjoint du Centre Marc Bloch. La liste d’universités dans lesquelles il a enseigné ou simplement séjourné est longue :  Neuchâtel, Yale, Harvard, University College London, Humboldt (Berlin), Goethe (Francfort/Main), Louvain-la-Neuve (Belgique), du Pays basque espagnol, Tsinghua (Pékin), Peking University. Il est également membre associé au Nuffield College, University of Oxford. Il est enfin membre senior de l’Institut Universitaire de France entre 2012 et 20171.
En 2023, l’Université de Liège lui décerne le titre de docteur honoris causa2.
En parallèle, il participe à la fondation de la revue de gauche Mouvements. Il a également conseillé les Editions La Découverte. Proche de la gauche altermondialiste et des écologistes, il soutient notamment la proposition de Ségolène Royal en 2006 d’instaurer une “surveillance citoyenne” des élus par des assemblées de citoyens et citoyennes tirés au sort3. Il contribua à la réception de Max Weber en France. 

 

Thèses principales

Depuis vingt ans maintenant, Yves Sintomer postule la perte de légitimité du système politique représentatif fondé sur l’élection, et mène une “recherche de longue haleine sur la question de l’histoire et des mutations actuelles de la représentation politique4. Il considère le référendum de 2005 au sujet d’une Constitution européenne comme un tournant, puisque selon lui, les dirigeants se sont ”assis sur le résultat du vote5.
Il revient tant sur l’histoire des modes de démocratie participative et délibérative que sur ses expérimentations dans le monde aujourd’hui. Il cherche à en tirer une théorie générale de la démocratie. 

Selon lui, les partis ont cessé d’être des partis de masse encadrant la vie politique et sociale pour se transformer en machines électorales, dont les élu.es sont de plus en plus éloigné.es du peuple qu’ils et elles sont censé.es représenter. De toute façon, ajoute-t-il, les décisions les plus importantes sont désormais prises ailleurs, par les organisations supra et inter nationales, les multinationales et le marché, et les instances technocratiques.
Il se montre très critique de la présidence d’Emmanuel Macron, qu’il qualifie de “centre-droit”6 bureaucratique, et dont il estime le socle de légitimité très fragile. Il reconnaît néanmoins un problème de fond qui dépasse le gouvernement actuel : c’est selon lui “le déséquilibre des pouvoirs au profit du Président de la République (qui) est un des problèmes majeurs de notre système politique7. Il déplore également que l’agenda politique soit aux mains du pouvoir et que la participation citoyenne ne soit appréhendée que sous l’angle de la consultation8

Afin de sortir de ce système, Yves Sintomer préconise notamment de généraliser l’usage des primaires au sein des partis et d’homogénéiser les modalités électorales, qu’il considère trop nombreuses et illisibles pour qui n’est pas spécialiste de la question. A cela, il ajoute que donner plusieurs voix aux citoyens et citoyennes à répartir en fonction de leurs préférences améliorerait la représentation : “N’est-il pas légitime de donner aux citoyens plusieurs voix à répartir à leur convenance, à l’heure où ils sont de plus en plus nombreux à ne pas se reconnaître à 100 % dans un seul parti ?9

Yves Sintomer s’intéresse également particulièrement au tirage au sort mis au service de la politique, qui permettrait selon lui aux citoyens et citoyennes de se retrouver et s’identifier véritablement à leurs élus, au contraire du fonctionnement actuel10. Il serait un vecteur de trois grandes forces de légitimité11

  • l’impartialité : les opinions personnelles ne dépendent pas “d’ambitions de carrières ou d’intérêts partisans”, et les débats serviraient réellement à convaincre le reste de l’assemblée ainsi constituée, et non à “faire valoir son point de vue politique” comme c’est le cas dans la majorité de nos parlements contemporains ; 
  • l’égalité démocratique : la même chance de participer à la prise de décision politique est également donnée à l’ensemble des citoyens et citoyennes ;
  • la “démocratie épistémique”, selon les termes d’Hélène Landemore : la multiplicité des opinions fait émerger de meilleures idées. 

Le tirage au sort peut être, nous dit le chercheur, renforcé par l’outil du référendum, qu’il conviendrait d’utiliser bien plus régulièrement et sous d’autres modalités afin de ne pas en faire un outil de plébiscite pour l’exécutif12

 

Où retrouver Yves Sintomer

 

Bibliographie

Un lien hypertexte conduit à la version numérique, lorsque celle-ci est disponible.

 

Ouvrages

 

Contributions 

 

Articles 

 

Entretiens 

  1. https://science-politique.univ-paris8.fr/Yves-Sintomer
  2. https://www.uliege.be/cms/c_17641938/fr/uliege-portraits-des-docteurs-honoris-causa-facultaires-2023
  3. Petite histoire de l’expérimentation démocratique. Tirage au sort et politique d’Athènes à nos jours, La Découverte, Coll. Poche / Essais, 2011, 296p.
  4. https://science-politique.univ-paris8.fr/Yves-Sintomer
  5. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/democratie-quel-role-pour-le-referendum-8138465
  6. https://www.univ-paris8.fr/Yves-Sintomer-quelle-rentree-pour-la-politique
  7. Idem.
  8. https://www.philomag.com/articles/yves-sintomer-la-participation-citoyenne-est-reduite-un-role-consultatif
  9. https://lejournal.cnrs.fr/billets/quelles-elections-pour-une-meilleure-democratie
  10. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/suffit-il-au-pouvoir-d-etre-legal-pour-etre-legitime-1552830
  11. https://www.institutmontaigne.org/expressions/tirage-gagnant-histoire-et-enjeux-du-tirage-au-sort-dans-les-democraties
  12. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/democratie-quel-role-pour-le-referendum-8138465

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